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Location

France

Published

March 27th, 2024

Written By

Filip

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Nostromo Festival

🇬🇧 The English version of this interview is available here.

Depuis sa création en 2017, Nostromo s’est imposé comme le rendez-vous incontournable d’une scène à part dans le paysage des musiques électroniques. Caractérisée par un amour inconditionnel  pour le son des années 90 et 2000, elle se démarque aussi par une volonté assumée de mélanger les styles et une quête obsessionnelle des vinyles les plus obscurs. Il n’est donc pas étonnant que des DJs comme Francesco Del Garda, Nicolas Lutz ou Jane Fitz soient régulièrement à l’honneur lors des événements Nostromo, où leurs performances sont toujours attendues avec une ferveur quasi-religieuse.

En juillet 2023 aurait dû se tenir la troisième édition du Nostromo Festival au château de Motteux, un domaine privé de Seine-et-Marne où l’événement avait élu domicile deux ans auparavant. Après deux premières éditions en 2021 et une troisième en 2022, ce quatrième volet devait être le plus abouti de tous, avec un nouveau format réunissant pas moins de 80 artistes du monde entier et promettant de propulser le Nostromo parmi les festivals de musique électronique les plus pointus en Europe.

Cela était sans compter l’intervention du maire de Marolles-sur-Seine, une petite commune de Seine-et-Marne où se trouve le site du festival. Craignant de revivre les mêmes nuisances sonores qu’à l’édition de septembre 2021, l’élu a pris la décision radicale d’interdire le festival par arrêté municipal, à une semaine de l’événement. Prise de court, l’équipe organisatrice dût se résigner à tout annuler à la dernière minute, avec les conséquences que cela implique.

Mais c’est après que les choses se sont véritablement compliquées, puisque l’assurance du festival a refusé de verser les indemnisations prévues au motif de circonstances ne relevant pas de la couverture du contrat. Confrontée à l’impatience croissante des festivaliers en attente du remboursement de leurs billets, l’équipe de Nostromo n’a eu d’autre choix que de communiquer régulièrement sur l’avancement des procédures en cours, étant elle-même dans l’attente de décisions qui lui échappent.

Dans l’entretien ci-dessous, Louis et Nathan, les co-fondateurs de Nostromo, reviennent sur les événements de 2023 et font le point sur les démarches en cours. Nous en avons aussi profité pour aborder l’histoire et le développement de Nostromo, ainsi que son avenir dans un contexte incertain.

Pouvez-vous revenir sur les débuts de Nostromo ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer ce projet, et dans quel contexte cela a-t-il eu lieu ?

Nathan : On se connaît depuis qu’on a 17 ans, et on a toujours été passionnés de musique. Louis a commencé à travailler dans la musique avant moi via d’autres collectifs et festivals. De mon côté j’avais un job plus classique, mais au bout d’un moment j’ai fini par en avoir assez et par vouloir faire autre chose. On s’est retrouvé tous les deux en quête de nouveauté au même moment. C’était aussi une période où on passait beaucoup de temps ensemble à faire la fête, alors l’idée de lancer notre propre projet est venue assez naturellement.

À partir de là, on a déménagé à Lyon et commencé à mûrir le projet dans nos têtes. C’est parti rapidement sur une première édition en juillet 2017, au Pavillon des Etangs dans le bois de Boulogne. L’événement a très bien marché malgré une rude concurrence à Paris ce week-end là, le premier soir était sold out et le deuxième a bien fonctionné aussi. Ça nous a permis de nous lancer et de commencer à nous faire un petit nom sur la scène électronique française. Comme on a tout de suite démarré sur un format festival avec beaucoup d’artistes internationaux, on a pu obtenir de la visibilité assez rapidement.

Mais pour nous, l’idée a toujours été de trouver un terrain sur lequel nous pourrions faire grandir le festival. Ça a été difficile, on n’a jamais arrêté de chercher mais ce n’est qu’en 2021 qu’on a enfin pu trouver le lieu idéal. Jusque-là on organisait surtout de plus petits événements quasiment tous les mois en France et à l’étranger, et un plus gros événement l’été qu’on voyait comme un mini festival.

Comment avez-vous fini par trouver le château de Motteux ?

Nathan : Le Covid est arrivé à un moment où on commençait à faire beaucoup de soirées. Cette pause nous a permis de prendre du recul, et de nous remettre à la recherche d’un site pour le festival. On a fini par découvrir le château de Motteux à Marolles-sur-Seine, et ça a été un coup de coeur immédiat. On a fait en sorte de rencontrer les propriétaires, avec qui ça s’est très bien passé. Nous avons aussi pu rencontrer le maire de la commune, et de là les premières éditions s’en sont suivies. Au début nous avions une très bonne entente avec les autorités, tout le monde avait envie de travailler avec nous car l’idée de développer un projet culturel sur la commune leur plaisait. On a directement obtenu leur accord pour deux éditions, en juillet et septembre 2021. On allait enfin pouvoir réaliser ce dont on rêvait depuis 5 ans, organiser un festival avec une vraie programmation, un camping, plusieurs scènes… Ces deux premières dates se sont très bien passées, avec d’excellents retours du public et des artistes.

L’édition 2022 a Ă©tĂ© un peu plus compliquĂ©e pour nous, mĂŞme si le retour du public français et international a Ă©tĂ© incroyable. Il y avait environ 18% de festivaliers Ă©trangers, ce qui pour un Ă©vĂ©nement français est non nĂ©gligeable. Le bĂ©mol au moment de la prĂ©paration est venu des nombreux appels pour nuisance sonore après l’édition de septembre 2021, qui avaient conduit Ă  une rĂ©union avec le maire de Marolles-sur-Seine qui Ă©tait assez mĂ©content. Ă€ ce moment-lĂ , on s’est dit qu’il fallait rencontrer les maires de toutes les communes aux alentours du site pour sĂ©curiser l’édition 2022 – mais au final, seul le maire de Montereau nous a reçus en nous assurant qu’il n’avait aucun problème Ă  ce que l’on poursuive l’organisation du festival, tant que cela Ă©tait fait dans les règles. Après septembre 2021, nous avions aussi eu la chance de rencontrer la commissaire de police de Montereau-Fault-Yonne. Elle nous a beaucoup soutenus, en reconnaissant l’organisation solide de notre festival, et qu’il Ă©tait normal qu’un Ă©vĂ©nement de ce type gĂ©nère quelques nuisances sonores. Nous nous sommes Ă©videmment engagĂ©s Ă  faire des rĂ©visions pour mieux maĂ®triser le son, et on a dĂ©cidĂ© de partir sur un format beaucoup plus rĂ©duit en 2022 pour prouver aux autoritĂ©s qu’on Ă©tait capables d’organiser un festival sans gĂ©nĂ©rer de nuisances. Le maire Ă©tait sceptique, mais nous avons eu l’appui de la police nationale et du propriĂ©taire du site qui se sont entretenus avec lui pour faire valoir nos arguments. Notre dossier a Ă©tĂ© soumis Ă  la prĂ©fecture avec le soutien de la commissaire, et après quelques appels avec l’adjoint au sous-prĂ©fet nous avons pu obtenir l’autorisation de refaire le festival en 2022.

Quelles initiatives avez-vous prises pour rectifier le tir suite aux plaintes de septembre 2021 ?

Nathan : Comme je le disais, nous avons fortement réduit la jauge et apporté des optimisations au système son pour minimiser les risques de nuisances sonores. Nos efforts ont porté leurs fruits puisque l’édition 2022 s’est bien déroulée d’un point de vue légal et nuisances sonores. Mon premier réflexe après le festival a été d’aller voir la commissaire de police pour obtenir le registre des appels pour tapage nocturne; sur le week-end entier, seuls deux appels avaient été enregistrés ce qui est vraiment minime. Pour nous c’est donc un sans-faute, le festival était sold out et nous avons pu contenir les nuisances sonores, donc on a décidé de repartir sur les mêmes bases pour l’édition 2023.

Comment s’est déroulée la préparation de l’édition 2023 ?

Nathan : Nous avons envoyĂ© notre dossier complet Ă  la mairie et la prĂ©fecture en septembre 2022, avec le soutien du propriĂ©taire du site. Le maire de Marolles-sur-Seine ne voulait plus trop discuter avec nous Ă  ce stade, mais on savait que notre dossier passerait s’il n’était pas rejetĂ© au bout d’un mois. Après validation par la prĂ©fecture, on partait sur 8 ou 9 mois de prĂ©paration ce qui laissait le temps d’ouvrir une discussion en cas de problème. Comme personne ne se manifestait, nous avons appelĂ© le maire puis la prĂ©fecture vers janvier 2023 pour avoir leurs retours – le maire n’a jamais rĂ©pondu, mais la prĂ©fecture nous a confirmĂ© qu’il n’y avait aucun souci. On a aussi beaucoup communiquĂ© avec le dĂ©partement pour cette Ă©dition, notamment car nous devions disposer du lac ce qui nĂ©cessitait toute une procĂ©dure pour faire tester l’eau et autoriser la baignade. Tout le monde Ă©tait au courant de notre projet Ă  ce stade, rien n’était fait en cachette et on communiquait rĂ©gulièrement avec toutes les parties prenantes.

Nous avons aussi effectué quelques aménagements pour augmenter la taille du festival sans générer de nuisances supplémentaires. On a rajouté une troisième scène qui ne devait être ouverte que la journée, et une quatrième scène ambient/downtempo/acoustique avec un système en multi diffusion qu’on avait travaillé exprès pour limiter la propagation du son. La sonorisation était toujours assurée par D&B, mais en passant cette fois-ci par une nouvelle société très connue qui s’appelle B Live; ils s’occupent des We Love Green et beaucoup d’autres gros événements, donc ils sont clairement au point. On leur a donné comme consigne de limiter au maximum les nuisances sonores, et ils ont pris certaines mesures comme le fait d’orienter la scène de jour vers le sol pour réduire la distance traversée par le son. Bref, tout était calculé pour maîtriser les nuisances au maximum; dans notre dossier on a produit des analyses de son, des indications sur les points naturels d’atténuation sonore, etc… Tout a été fait pour mettre en confiance les autorités sur notre capacité à ne pas générer de nuisances sonores. La préparation se passait à merveille, beaucoup de billets ont été vendus et on avait l’impression d’atteindre enfin notre but de monter un vrai festival. On a pu prendre des bureaux et des assistants, on se structurait professionnellement, mais malgré tous nos efforts on s’est finalement pris un arrêté municipal d’interdiction sans aucune notification préalable.

Comment avez-vous réagi après la notification de l’arrêté municipal ?

Nathan : D’après nos avocats, l’arrêté en lui-même est nul et tous les considérants qui y sont listés peuvent être contredits car ils n’ont aucune raison d’être. De plus, il s’agit d’un arrêté municipal d’interdiction qui légalement ne peut pas être pris sans ouverture préalable à une discussion. Nous n’avons jamais reçu le moindre retour de la mairie entre la date de dépôt de notre dossier et le délai de validation d’un mois, et elle ne nous a jamais signalé que quelque chose n’allait pas. Il n’y a pas eu non plus d’arrêté suspensif, qui aurait normalement donné lieu à une discussion. Via cet arrêté, le maire aurait pu par exemple nous demander de stopper les soirées à minuit, ce qui aurait posé des restrictions sans annuler le festival pour autant. Il n’y a tout simplement eu aucune communication de la part de la mairie préalablement à l’arrêté interdisant l’événement; légalement parlant, il s’agit d’un excès de pouvoir qui n’est pas justifiable. Notre premier réflexe a donc été d’ouvrir une procédure en référé d’urgence pour suspendre l’exécution de l’arrêté, mais le passage devant le tribunal administratif a eu lieu la veille des émeutes provoquées par la mort de Nahel. Tous les tribunaux étaient débordés et notre dossier a été décalé, ce qui nous a placés dans une position difficile car on restait sans réponse alors qu’on devait boucler la préparation du festival, avec plusieurs personnes déjà sur site en train de travailler sur le montage… L’avocate du maire nous a même menacés d’une intervention des CRS pour faire évacuer le site, par pure intimidation. La pression financière devenait difficile à supporter, et le risque vis-à-vis des festivaliers qu’on devait accueillir rendait la situation insoutenable.

Le verdict du tribunal administratif a fini par tomber, et notre demande de suspension de l’arrêté a été provisoirement rejetée. Notre seule option a donc été d’annuler, en sachant que nous avions déjà prévenu notre assurance à la réception de l’arrêté municipal, et qu’elle nous avait confirmés que nous serions couverts. Suite à l’annulation et au dépôt de notre dossier auprès de l’assurance avec toutes les pièces justificatives, elle nous a indiqués que nous ne serions finalement pas indemnisés car l’arrêté municipal correspondait à une interdiction et non une annulation, ce qui n’était pas couvert par les clauses de notre contrat d’assurance… Une bataille juridique s’en est alors suivie, et nous avons demandé une expertise pour confirmer que nous étions bien couverts par notre contrat. Nous avons dû attendre 8 mois depuis notre réclamation pour obtenir un retour de l’assurance, qui n’a pas arrêté de nous promettre qu’une réponse arriverait bientôt. Nous avons finalement reçu une réponse début mars et elle fut malheureusement négative, puisque le comité d’assurance a refusé de considérer que nous étions couverts par notre contrat. Cela veut donc dire que nous ne sommes toujours pas en mesure de rembourser les festivaliers, et que nous sommes désormais en attente d’un jugement définitif du tribunal administratif pour débloquer la situation.

L’assurance aurait normalement dû nous avancer une partie de l’indemnisation même si le dossier était toujours en cours de traitement, pour nous permettre de régler les premiers frais. Mais comme elle refuse de nous verser quoi que ce soit en avance, les festivaliers sont toujours en attente de leurs fonds et nous n’avons pas d’autre choix que de les informer de la situation au fur et à mesure. Ça génère évidemment une pression assez forte des festivaliers et de nos partenaires, d’autant plus que nous ne sommes plus que deux pour répondre aux messages et suivre l’avancement de la procédure qui prend beaucoup de temps. C’est difficile à gérer mentalement, et c’est une déception horrible pour nous car ce sont 6 années de travail qui se retrouvent quasiment anéanties, sans visibilité sur la possibilité d’une reprise. On avait beaucoup investi dans ce projet et sur le site du château de Motteux. On a fait construire des scènes par des architectes, et on a effectué beaucoup d’aménagements pour développer le site. Tout s’est arrêté très subitement, et le maire refuse aujourd’hui de nous recevoir quand on essaye de lui proposer une solution à l’amiable pour sortir de cette situation.

D’après vous, quelles étaient les réelles motivations du maire pour annuler le festival ? Et pourquoi avoir attendu le dernier moment pour le faire ?

Nathan : C’est un maire assez jeune, c’est son premier mandat et il s’est bien fait remonter les bretelles après les nuisances sonores de l’édition de septembre 2021. Je pense que cela a terni son image, surtout quand on a pu organiser l’édition de 2022 avec l’appui de la préfecture. Il a sans doute voulu montrer l’exemple, et signifier qu’il était maître sur sa commune. En réalité, je pense qu’il a surtout voulu marquer un point politiquement auprès de ses pairs.

Louis : Concernant l’annulation de dernière minute, je pense qu’il s’agit d’un acte réfléchi par le maire de Marolles-sur-Seine et les élus des communes voisines pour entraver l’avenir du festival. Comme ils savaient que le festival allait avoir lieu malgré les nuisances de 2021, je pense qu’ils ont fait le choix délibéré de l’annuler au dernier moment pour bloquer toute possibilité de discussion et nous mettre en difficulté. Quand tu te prends un arrêté municipal une semaine avant l’événement, soit tu fonces et tu le fais quand même, soit tu respectes la décision prise. On aurait pu choisir la première option, mais on a préféré rester sages.

Nathan : On a toujours suivi ce que nous demandaient les autorités, en faisant même plus que ce qui nous était demandé. Le maire, la préfecture et la Police Nationale ont toujours été mis au courant de toutes nos démarches, et se sont contentés de nous dire que nous devions simplement déposer nos dossiers et qu’il n’y aurait aucun problème si tout était en règle. Nous avons même un mail où le maire confirme que nous n’avons pas besoin de son autorisation ni de celle de la préfecture pour faire le festival. Mais malgré cela le maire peut prendre un arrêté municipal dans le cadre de son pouvoir de police; c’est une décision totalement unilatérale, même l’adjoint au maire nous avait fait part de son soutien jusqu’à la fin…

Votre recours pour excès de pouvoir est toujours en cours d’instruction par le tribunal administratif de Melun, suite à une première décision provisoire le 30 juin 2023 ayant confirmé l’annulation du festival. Quel serait l’effet d’une décision en votre faveur après cette seconde procédure, et pour quand attendez-vous le verdict ?

Nathan : Si les juges estiment que l’arrêté municipal est nul, la décision du maire sera reconnue comme arbitraire, ce qui confirmera que nous sommes couverts par les clauses de notre contrat d’assurance et permettra d’activer le versement de l’indemnisation. Nos avocats estiment que le dossier de la mairie contre nous est défaillant à plusieurs égards, donc ça devrait normalement passer. On est en train de terminer notre propre dossier en rassemblant le plus de documents possibles pour prouver que l’arrêté est d’une part illégal, mais aussi déraisonnable car pris dans des délais trop courts avec des conséquences trop importantes. L’impact économique de cette décision a été énorme, évidemment sur nous mais aussi sur les festivaliers, nos partenaires et la commune puisqu’on faisait travailler beaucoup d’entreprises locales, notamment les hôtels.

Notre dossier est en train d’être finalisé et sera déposé prochainement, car on souhaite que le passage devant le tribunal ait lieu cette année. Nous n’avons pas de date précise attendue pour un jugement à ce stade, mais on espère obtenir gain de cause avant la fin de l’année. Si la décision est prise en notre faveur, nous pourrons immédiatement relancer l’assurance pour débloquer les fonds, comme elle l’a elle-même indiqué dans son courrier de refus. On pourrait éventuellement décider d’attaquer l’assurance dès maintenant, mais ce serait une procédure lourde et coûteuse sans aucune garantie de succès, alors cette option est encore à l’étude. Nous avons heureusement la chance de travailler avec un avocat proche de notre scène, qui a accepté de nous faire un prix car il a conscience des enjeux de notre milieu et de ce qu’il est en train de défendre… Mais tout cela a clairement un coût important, et il faut pouvoir l’assumer.

À ce sujet, vous prévoyez d’organiser un événement au Rex Club le 26 avril, notamment pour couvrir les frais légaux en lien avec les procédures en cours.

Louis : On avait prévu cet événement au Rex depuis longtemps, donc nous allons le maintenir et inviter Craig Richards qui est la personne qui nous a le plus inspirés à créer notre festival quand on est allé à Houghton en 2018. Ça nous a mis une claque monumentale… Initialement on pensait surtout organiser des afterparties sur des péniches à Lyon avec Nostromo, un peu sur le modèle de Concrete, mais après le Houghton on a réalisé qu’on voulait avant tout faire un festival et qu’il y avait une vraie opportunité en France avec l’émulation existante autour des musiques électroniques.

Nathan : La scène française était vraiment en train d’éclore de plus en plus quand on a commencé, on a eu la chance de faire nos premiers événements avec des artistes qui sont aujourd’hui des références mais qui à l’époque n’étaient pas si connus que ça. On a pu inviter plein d’artistes qui pour certains faisaient leur toute première date en France, et on sent dans les programmations actuelles qu’on a pu avoir une certaine influence sur les générations suivantes.

Vous avez clairement contribué à la création d’une scène à part dans le paysage des musiques électroniques, en France et en Europe.

Louis : Depuis le début, on a fait ce choix délibéré de mettre des pionniers de la scène comme Francesco Del Garda aux côtés de gens comme Lumbago, Dawidu, Solal Reyes ou Félix Dulac, qui suivaient aussi ce mouvement depuis des années mais n’avaient pas autant de visibilité. Je compare souvent notre direction artistique à celle du Positive Education, qui est sur un créneau musical différent mais avec une démarche similaire. Parmi les festivals français, le Positive Education est clairement une référence pour moi car ils ont aussi cette volonté d’ouverture et de diversité dans leur programmation. Avec Nostromo on va pouvoir programmer de l’ambient, du hip hop ou du r&b autant que de la techno et de la house, on est ouverts à tout tant que c’est qualitatif.

Nathan : L’édition 2023 allait être l’apothéose de ce qu’on décrit là. Les gens auraient pu aller voir un concert de harpe, puis enchaîner juste après sur un set de trance. Avec Louis on est un peu obsessionnels sur ces questions, on peut travailler 5 mois entre le moment où on termine la programmation et celui où on sort la timetable pour décider qui mettre en face de qui et à quel moment pour créer un parcours parfait. On essaye de se mettre à la place du festivalier pour satisfaire chaque profil, celui qui est obsédé par la house comme celui qui préfère la trance mais veut aussi découvrir de nouvelles choses, ou celui qui veut écouter un truc chill après avoir fait la fête pendant 24 heures…

Louis : Il y avait aussi cette volonté de faire plus attention à ne pas essorer les gens. Notre format précédent sur 35 heures était réussi, mais personnellement ça ne m’a pas plu car j’ai trouvé ça  violent. Je me suis toujours dit qu’il fallait qu’on grandisse avec notre public, car c’est cool de faire la fête mais on voulait aussi intégrer le côté chill. On visait à pouvoir satisfaire tout autant un gars de 35-40 ans qui vient d’avoir un gosse et va en festival pour écouter de l’ambient, voir un concert de jazz et manger un truc bon. C’était cette vision qu’on cherchait à mettre en place sur 2023, ce qui n’avait pas été possible avant car notre équipe n’était pas encore assez rodée. Comme pour tout festival, ça prend du temps de choisir les bons food trucks, soigner la décoration, améliorer l’expérience, etc.

Comment est composée l’équipe derrière Nostromo ?

Louis : Au tout début c’était juste nous deux et quelques amis à nous… Puis petit à petit l’équipe s’est affinée, il y a notamment eu Mohammed Vicente qui est actif sur Lyon et qui a lancé son propre festival de musiques électroniques. Le festival s’appelle Concordance, il le refait au mois de juin et il  y programme principalement des artistes de la scène locale lyonnaise.

Nathan : L’équipe était très réduite au début, puis elle a grandi au fur et à mesure de nos besoins. Par exemple, on a commencé à beaucoup travailler avec le collectif Capsule quand on a voulu intégrer des arts visuels à nos événements. Ce sont devenus nos partenaires de référence pour les visuels, donc pour nous c’est comme s’ils faisaient partie de l’équipe. Il y a plusieurs groupes de production qui se sont créés au fur et à mesure. Quand on a commencé au château de Motteux, il a fallu monter une équipe pour la coordination, une autre pour l’architecture, l’aménagement, la décoration, les activités… Elles se sont surtout montées via nos cercles d’amis professionnels du milieu passionnés de musique et de fête. Au total ça nous a pris 3 ans pour constituer une vraie équipe soudée, et en 2023 il y avait quatre équipes de production qui bossaient sur différents aspects du festival.

Combien de personnes est-ce que ça représente ?

Nathan : Il y a dix personnes sur l’organisation générale et la gestion, dont Charles, Angie, Hugo, Alex, Louis et moi. Chacune d’elles travaille ensuite avec ses propres équipes. Par exemple, il y a aussi Daria qui bossait avec cinq autres personnes sur la partie ésotérisme/activités/bien-être. L’idée était de créer des espaces de bien-être et des activités autour de l’art, on avait aussi fait un appel à projet donc on avait beaucoup de représentations artistiques et d’oeuvres d’art prévues. Il aurait dû y avoir une structure illuminée en bois de 7 mètres sur 7 mètres, un truc monumental. On avait aussi prévu de la danse et des récitations de poèmes.

On compte une trentaine de personnes au total sur la préparation du festival. Pendant le festival en tant que tel, ça monte à 200 personnes car il y a aussi l’équipe accueil artistes, les régisseurs, les équipes bars, les bénévoles… C’est beaucoup de gens à tenir informés pour arriver à créer cette énergie au jour le jour. Donc quand on a la tête dans le guidon pendant 8 mois et que tout se passe à merveille, c’est dur à encaisser quand tout s’écroule d’un coup. Il y avait encore des choses à améliorer, mais on arrivait quasiment à ce qu’on rêvait de faire après s’être pris la gifle au Houghton.

Est-ce que vous êtes à temps plein sur l’organisation du festival durant ces 8 mois ?

Nathan : On travaille 5 jours par semaine dessus entre septembre et février-mars, mais on arrive à gérer d’autres projets à côté. Louis travaille sur le festival Decadance, et moi je fais de la production et de l’aménagement d’événements principalement pendant les Fashion Week mais pas uniquement, via d’autres boîtes de production. Au début des préparatifs on arrive à suivre ça en parallèle, mais à partir de février on ne prend plus d’autres projets pour se concentrer à fond sur Nostromo. À partir de là ça nous arrive souvent d’être au bureau de 9h à 21h, et de travailler les week-ends.

C’est un rythme constant, car tu travailles avec des gens qui ne s’arrêtent pas de bosser le week-end et qui considèrent que tu es disponible à n’importe quel moment aussi. C’est ça qui peut être vicieux dans l’événementiel, le travail ne s’arrête jamais… C’est notre passion donc le week-end on sort, et il y a toujours des gens pour venir nous parler de notre travail donc c’est une boucle continue. Malgré tout ça n’a jamais arrêté d’être un plaisir, car on a dédié nos vies à ce projet depuis plusieurs années. C’est pour ça que c’est d’autant plus difficile quand tu espères enfin récolter les fruits de ce travail; on avait vendu assez de billets pour s’en sortir et même devenir rentables, ce qui nous aurait permis de continuer à investir sur l’aménagement du site et le développement du festival.

On avait 40% de festivaliers étrangers prévus cette année, j’en avais parlé avec les plateformes comme Dice et Shotgun et ils n’ont aucun autre festival en France avec ce type de chiffres, y compris les plus gros. Quand on a lancé Nostromo on se disait qu’on passait notre temps à voyager à Berlin, Amsterdam ou Londres pour faire la fête mais que personne ne venait chez nous, hormis pour Concrete qui était le seul lieu avec une vraie attractivité à l’international. À l’époque il y avait plein de micro festivals de 500 ou 1.000 personnes comme le Monticule qui arrivaient à capter un public étranger, mais aucun équivalent aux plus gros événements fédérateurs et innovants qu’on peut trouver en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni.

Louis : Après, notre objectif principal ne sera jamais de faire des événements à 200.000 personnes. On préfère rester sur une jauge plus réduite où on peut créer une connexion entre l’artiste et le public, et on y arrive mieux quand il y a une proximité physique entre les deux.

Ce qui est frappant au Nostromo, c’est ce sentiment que les artistes font partie du public et que le public fait partie des artistes…

Nathan : Ça nous arrivait de regarder les noms de toutes les personnes qui achetaient des places pour notre festival, et une fois sur trois c’était un acteur de la scène – DJ, producteur, orga, tous passionnĂ©s de musique et investis dans leur scène locale. C’était très rĂ©vĂ©lateur pour nous, car ça nous a permis de rĂ©aliser qu’on touchait des personnes aussi passionnĂ©es que nous, et la rĂ©compense au niveau Ă©motionnel est Ă©norme. Des gens comme nous qui veulent venir Ă  quelque chose qu’on fait, c’est gĂ©nial ! En 2023, il y avait 40 artistes sur les 100 programmĂ©s qui prĂ©voyaient de rester pendant tout le festival pour faire la fĂŞte, comme Jane Fitz ou Laurine et Cecilio. Quand Jane Fitz te demande Ă  quelle heure passe tel artiste car elle veut absolument le voir, c’est un sentiment incroyable et ça embellit encore plus le travail et l’ambiance derrière. Il y a des moments oĂą on n’avait pas l’impression de travailler car c’était toujours du plaisir, on Ă©tait constamment dans quelque chose de très fort artistiquement et Ă©motionnellement.

Il semble y avoir un lien fort entre Nostromo et la communauté qui vous entoure.

Nathan : Oui, en particulier avec les autres acteurs de la scène qui nous soutiennent beaucoup quand on leur parle de notre situation. On continue à beaucoup sortir, on connaît plein de gens de la scène qui comprennent les difficultés qu’on traverse et nous apportent leur soutien. Je ne suis pas certain qu’on soit toujours soutenus à 100% par le public mais c’est compréhensible, la situation est complexe et à moins de bien l’expliquer, il est normal que certaines personnes soient mécontentes.

Louis : Si tu ne connais pas tous les tenants et aboutissants, c’est normal d’être énervé d’avoir dépensé 300 euros pour le festival, les billets d’avion et l’hôtel sans savoir quand tu pourras les récupérer. Chacun aura sa propre interprétation et sa propre lecture de la situation, c’est pour ça qu’on essaye d’être aussi transparents que possible et de répondre à tous les messages qu’on reçoit pour bien faire comprendre aux gens qu’on fait tout ce qu’on peut pour les rembourser au plus vite, mais que c’est une procédure complexe qui prend du temps.

Dans un de vos communiqués, vous aviez révélé avoir engagé près de 400.000 € au moment de l’annulation, soit la moitié du budget total du festival…

Nathan : On avait effectivement engagé 400.000 € sur les 800.000 € de budget total, dont une bonne partie provenait des recettes de billetterie. Cela incluait tout ce que nous devions payer à l’avance comme l’aménagement, les installations et une partie de la production puisque nous employions plusieurs prestataires qui devaient être payés. Un mois avant le festival, il faut aussi verser les booking fees, réserver les vols et les hôtels… Les gens ne réalisent pas les sommes énormes que cela représente. D’autres frais ont été engagés comme les frais de communication ou l’acompte pour les toilettes, les douches, les groupes électrogènes… Au total, ces dépenses se comptent en centaines de milliers d’euros.

Les trois événements de soutien qui ont été organisés suite à l’annulation n’ont pas pu rapporter grand-chose, l’un était déficitaire et les deux autres n’ont rapporté que 600 et 1.500 euros, ce qui est peu pour un festival comme Nostromo… Ces éléments ont été partagés dans notre communication par souci de transparence, et ont permis à beaucoup de gens de mieux comprendre notre situation. Pas mal de personnes ont voulu nous aider en faisant don de leur place, ce qui nous a beaucoup émus.

Face à un mutisme complet de l’assurance pendant plusieurs mois, nous avons pris le temps de répondre à tous les messages en expliquant la situation en profondeur. On partage des chiffres sans aucun problème, et on fait tout pour que les gens comprennent qu’on n’est pas en train de retenir leurs fonds ou de créer une situation qui pourrait être évitée.

Avec le recul, pensez-vous que cette situation aurait pu être évitée ?

Nathan : Honnêtement, à part si on avait été sur un autre site, dans une autre ville avec un autre maire, je ne vois vraiment pas comment on aurait pu l’éviter…

Aujourd’hui, vous envisagez de demander à votre communauté de formaliser son soutien. De quelle manière et dans quel objectif ?

Nathan : On souhaite partager un formulaire aux festivaliers pour leur demander si on a leur soutien, le but étant d’utiliser ces soutiens pour contacter d’autres médias et faire parler de notre situation. On envisageait aussi de lancer une pétition avec d’autres professionnels du milieu et les festivaliers pour l’utiliser dans le cadre de la procédure administrative en cours. On ne sait pas quel effet cela aura réellement, mais on souhaiterait parvenir à ouvrir un dialogue avec d’autres acteurs comme Technopol par exemple, ou d’autres organisations qui pourraient avoir une influence d’une manière ou d’une autre. Quand c’est une affaire partagée et médiatisée, les gens n’ont souvent plus le même regard ni la même approche dans sa gestion. On ne sait pas jusqu’où nous pourrons faire remonter cette histoire, mais dans un premier temps on souhaiterait recueillir une marque du soutien dont on dispose.

Quelles sont les sources de revenus qui vous permettent de maintenir votre structure Ă  flot ?

Nathan : Au départ c’était surtout des fonds propres personnels et des financements extérieurs, mais aujourd’hui nous sommes arrivés à bout. Elles sont inexistantes, on n’a plus aucune source de revenus et on ne peut donc plus travailler. Auparavant, on avait le festival et certains événements à l’étranger qui rapportaient un peu d’argent. Il faut savoir qu’on ne s’est jamais vraiment payé avec Nostromo, on attendait de rendre le projet pérenne pour commencer à se rémunérer. Aujourd’hui il n’y a plus d’entrée d’argent, mais on est en format associatif donc on n’a pas de frais vu qu’il n’y a plus d’activités.

Il y a aussi le fait qu’on ne se sente pas légitimes de continuer à produire des événements en attendant l’issue de cette procédure. On n’en a pas la possibilité financière, mais c’est surtout qu’on se voit mal demander aux gens de payer des places pour de nouvelles soirées alors qu’on ne les a pas encore remboursés. Il y a eu l’événement de septembre 2023 au 6b et une soirée en Slovénie, mais les deux étaient déjà prévus et quasiment finalisés avant l’annulation du festival. Les gens peuvent penser qu’on travaille sur une autre édition du festival ou d’autres soirées, mais ce n’est pas le cas du tout. Louis travaille sur Decadance, et moi je travaille en freelance à côté. La gestion de cette crise, c’est le sujet numéro 1 qui nous occupe sur Nostromo. C’est tout ce qu’on fait, et tout ce qu’on peut faire tant qu’on n’aura pas obtenu gain de cause.

Est-ce que la soirée au Rex du 26 avril pourrait éventuellement vous permettre de relancer une dynamique ?

Louis : Notre objectif principal reste le festival, on est heureux de faire des promo parties à côté mais notre cible est vraiment de rétablir le festival. On espère que ce sera au château de Motteux, s’il y a une délibération positive du tribunal administratif.

Nathan : On a choisi de se concentrer sur le festival à partir de 2021 car on aimait l’idée de créer ce sentiment d’exclusivité, cette attente d’un an pour pouvoir revivre Nostromo, tout en organisant quelques soirées à l’étranger pour faire de la promotion. À un moment on a décidé de faire une pause sur les soirées, car on aurait dû pouvoir s’en sortir financièrement seulement avec le festival. Aujourd’hui on ne prévoit pas de poursuivre avec d’autres événements après la date au Rex, qui était aussi prévue depuis longtemps.

Louis : Cette date, on l’a obtenue avec l’aide de notre ancien alternant qui est maintenant assistant de production au Rex. Ça nous tenait à coeur depuis longtemps d’y faire un événement… C’est un crève-coeur pour nous de l’admettre, mais on s’est dit que ce serait bien d’y organiser ce qui sera peut-être le dernier événement Nostromo. D’autant plus avec Craig Richards, la personne qui nous a inspiré à nous lancer dans cette aventure. Symboliquement, la boucle serait bouclée.

Est-ce que ce sera un all-night long de Craig Richards ?

Louis : Non, il y aura aussi un back-to-back inédit de Félix Dulac et Marabou, suivi d’un set de 4 heures de Craig Richards.

Nathan : Pour nous c’est aussi une chance de revoir toutes les personnes de Paris, tous nos amis et les gens de la scène qui seront là. On espère vraiment que ce ne sera pas le au revoir de Nostromo…

Louis, tu travailles également sur le projet Decadance. Peux-tu en dire un mot, et en quoi il diffère de Nostromo ?

Louis : C’est un projet lancé par mon pote Sacha pendant le Covid, et qui a commencé par des soirées à Mandelieu à côté de Nice, sur un terrain avec rivière. Le projet est beaucoup plus petit que Nostromo, la jauge n’était que de 300-400 personnes initialement. Dans les moments difficiles avec Nostromo, je me disais qu’il fallait aussi que je puisse m’éclater ailleurs et revenir sur la terre natale, d’autant plus qu’il n’y avait rien sur la région de Nice. C’était aussi l’occasion d’exploiter mes compétences de directeur artistique dans un autre contexte.

Quand j’ai repris la direction artistique de Decadance il y a 2 ans, on a essayé de monter un festival mais on s’est retrouvé face aux même schémas qu’avec Nostromo. On a monté un dossier en mairie, le maire était très content mais a fini par nous annoncer 2 mois avant qu’une chauve-souris protégée s’était installée sur le lieu et que nous devions annuler. Pourtant, des courses de rallye s’étaient tenues juste à côté du site à quelques jours d’intervalle.

Decadance me tient aussi à coeur car j’ai toujours voulu faire un projet à Nice. C’est là que tout a commencé avec William alias Sweely quand on avait 15 ans, on était dans le même lycée et il a commencé à faire de la musique électronique à ce moment-là. J’étais encore novice en la matière mais je commençais à sortir, puis j’ai suivi un autre pote appelé Romain qui venait de créer son projet de soirées. Le projet a évolué pour devenir un vrai festival en Corse, et ça m’a permis de travailler sur mes premières grosses programmations en tant que directeur artistique.

Nathan : C’était aussi mes premiers pas dans l’aide Ă  l’organisation Ă  l’époque, c’est Ă  ce moment-lĂ  qu’on a commencĂ© Ă  travailler ensemble avec Louis. C’était très anecdotique, mais c’est lĂ  qu’on a rĂ©ellement commencĂ© Ă  se professionnaliser.

Louis : J’ai arrêté mes études du jour au lendemain car je savais que j’avais trouvé ce que je voulais faire. À l’époque, Trax nous avait même désigné numéro 1 des festivals les plus attendus en Europe, pour un festival en Corse c’était vraiment fou. Pour moi Decadance est aussi un projet magnifique car c’est l’essence même de l’underground, c’est très familial et réalisé avec peu de moyens mais c’est une expérience à part entière.

Nathan : En tant que festivalier, ça fait partie des meilleures expériences festivals que j’ai pu vivre. L’avantage de ces petits festivals, c’est qu’en trois jours tu finis par connaître tout le monde et tu passes beaucoup de moments privilégiés avec les gens et les artistes. C’est un format assez unique, une grande liberté d’expression est laissée aux artistes et il y a aussi une grande liberté d’organisation pour toutes les personnes qui travaillent sur l’événement. C’est un beau projet et il prend bien, il y a aussi des événements à Paris et ailleurs maintenant donc c’est quelque chose qui a de l’avenir.

Avez-vous d’autres projets que vous souhaiteriez mentionner ?

Louis : On est en train de monter une agence de booking spécialisée dans les lives et le mapping, il y aura notamment Antonin Dony du collectif Capsule qui avait créé la scénographie de la Forest Stage et Théo Brice de Symbiose. On proposera aussi la création de scénographies adaptées pour des projets AV spécialement pour les festivals, les clubs, etc.

Nathan : De mon côté je continue de bosser en freelance dans l’événementiel et la mode, mais le vrai projet c’est de réussir à relancer le festival le plus rapidement possible…